Dératisation

Les rats sont-ils en train d’envahir les villes ?

Selon la Chambre syndicale de dératisation désinfection désinsectisation, entre 2021 et 2022, les opérations de dératisation ont augmenté de 35 %.

En mars 2020, quand la population doit respecter le confinement, les rats sont déboussolés. Non pas qu’ils prennent plaisir à côtoyer les humains. Cependant, les déchets alimentaires laissés par ces derniers sont leur principale source d’alimentation.

Dans les parcs, la nourriture se fait rare et vient à complètement manquer. C’est ainsi que les rats n’ont d’autre choix que de se rapprocher du centre-ville. La suite fait partie de l’histoire.

Des dératiseurs aux journées bien remplies

Pascal travaille pour le compte d’une entreprise de dératisation. Aujourd’hui, c’est par un immeuble faisant office de foyer d’accueil qu’il a été appelé. Dès son arrivée, le propriétaire lui relate les scènes auxquelles il assiste impuissant.

Depuis plusieurs semaines, des rats ont établi domicile dans le bâtiment. En journée, l’homme les voit courir le long des murs extérieurs. La nuit, une fois les lumières éteintes, il les entend couiner dans son jardin.

Paniqué, il a fait appel à une entreprise de dératisation dans l’espoir d’endiguer la propagation de ces nuisibles.

Dès son arrivée sur le site, Pascal examine les lieux. Heureusement, il n’y a pas de déjections à l’intérieur, ce qui signifie que les rats n’ont pas réussi à s’infiltrer.

Très vite, il parvient à identifier la source du problème. Au milieu du jardin traîne une poubelle à ciel ouvert. Canettes à moitié finies, confiseries, paquets de bonbons, … Pour les rats du voisinage, c’est un banquet auquel il est très difficile de dire non.

Pour le dératiseur professionnel, il ne reste plus qu’à installer les pièges et dispositifs anti-rongeurs et à attendre. Dans quelques jours, toute la zone sera débarrassée de ces rongeurs.

Des rats qui s’invitent dans les métropoles

Avec la COVID-19, les rats ont été privés de leur principale source de nutriments : les déchets laissés dans les parcs et les décharges. Affamés, ils ont dû courir le risque de s’approcher du centre-ville, s’invitant ainsi au cœur des résidences humaines.

Pour les entreprises de dératisation, cela se traduit par des interventions de plus en plus fréquentes. Actuellement, il n’est pas rare qu’un dératiseur fasse deux à trois missions par jour.

À en croire la Chambre syndicale de Dératisation Désinfection Désinsectisation, en l’espace d’un an, la hausse enregistrée est de 35 %.

Étant donné que cet organisme rassemble 80 % des dératiseurs professionnels de France, leurs chiffres sont sans doute exacts.

Outre le changement d’habitat, il y a un autre paramètre dont il faut absolument tenir compte : le cycle reproducteur des rats.

Ces rongeurs se reproduisent à une vitesse folle. En un an, un couple de rats peut donner naissance à 45 descendants. Dès l’âge de cinq mois, ces derniers peuvent eux-mêmes s’accoupler et mettre bas. C’est ainsi qu’en 24 mois, deux rats peuvent aboutir à 45 000 autres rongeurs.

Oui… C’est beaucoup.

Et étant donné qu’en ville, les rats n’ont pas réellement de prédateurs, l’intervention humaine est nécessaire pour réguler leurs populations. Un rôle tenu à la perfection par les entreprises de dératisation professionnelles. C’est d’autant plus important que les rongeurs peuvent transmettre des maladies mortelles.

Des risques réels pour le bien-être des hommes

En lui-même, le rat n’est pas un réel danger pour l’Homme. Les risques liés aux morsures de ces bêtes sont extrêmement faibles.

Le souci, c’est qu’en se déplaçant dans les égouts, les rongeurs transportent des germes, lesquels peuvent occasionner des dégâts conséquents, y compris chez l’humain. Une situation que ne cesse de rappeler Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie Nationale de Médecine.

Par exemple, la vétérinaire insiste sur le fait que la leptospirose est véhiculée quand l’urine du rat est souillée. Parfois aussi, c’est au-niveau par le biais de la peau que sont disséminés les agents pathogènes.

Plus le temps passe, plus les rongeurs s’invitent dans les centres-villes. Actuellement, rien ne prédit que l’intensité du phénomène devrait s’atténuer. Avec le réchauffement climatique, il est même fort probable que ce soit l’inverse.

C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Union des entreprises pour la protection des espaces publics craint la récente initiative gouvernementale. En effet, dans l’optique de limiter la dératisation abusive, l’État entend encadrer la vente de pièges à rats aux particuliers.

Pour de nombreux observateurs, l’entrée en vigueur de cette mesure favoriserait la reproduction des rats. Mais jusqu’ici, rien n’a été décidé et des études poussées n’ont pas encore été réalisées.